Prologue / Comme je vous l'ai dit jeudi, je devais encore une fois parler avec Björn hier, car maintenant que c'était clair que je n'allais pas pouvoir continuer à travailler pour Vera, il fallait qu'il me dise concrètement comment cette histoire allait se terminer. Mais pour cela, il devait d'abord parler avec ses associés. Comme d'habitude vendredi matin, il n'était pas à l'agence pas plus que Joakim et Mats. Et bien entendu pour ma part, j'étais censé me rendre à l'équivalent de Batimat (salon du bâtiment) hier après-midi. Encore une fois ça s'annonçait mal pour trouver cinq minutes pour une réunion. Finalement j'ai décidé de ne pas aller à Batimat et de les attendre de pieds fermes.
Acte 1 / Tout le monde est arrivé à l'agence au alentour de 13h mais Joakim et Mats devaient repartir direct (attends c'est vendredi, 13h c'est déjà le week-end c'est normal !), donc avec Björn ils ont discuté dans la rue sur le pas de la porte, c'est vous dire comme ma situation les intéresse ! Bref Björn remonte à l'agence et ...
Acte 2 / ... on parle. Il commence par me donner une liste avec les agences à qui il a parlé de moi pour que je puisse leur envoyer un mail avec cv et porte-folio. Ensuite c'est là que la partie intense du drame commence : il me dit que je termine à la fin du mois de mars. Euh mais c'est à dire dans une minuscule semaine ! Gloups, c'est une blague ou quoi ? Comment je suis censé trouvé un nouveau travail en une semaine ? Je lui dis que je trouve que la situation est un tout petit peu injuste mais pas le temps de continuer la discussion, son téléphone sonne, quelqu'un parle dans l'agence, une mouche et un nuage passe dehors, bref Björn égal à lui même, fuyant, et même très lâche sur ce coup, la situation pour moi est devenue insupportable.
Acte 3 / Je ravale cinq minutes ma colère, mais à la sixième minute les larmes me montent aux yeux (bah oui je suis qu'une fille, une pleureuse quoi) je sors et je téléphone à Martin pour lui raconter mes malheurs. Bien sur Martin il me dit que je dois être dure et que je dois dire à Björn que toute cette histoire est absolument inadmissible et qu'un contrat oral en Suède c'est un contrat, d'autant plus qu'il a même informé arbetsförmedlingen qu'il allait m'embaucher pour ces putains (désolée) de six mois et que cette histoire de poursuite judiciaire qui sonnait comme une plaisanterie devient finalement beaucoup moins invraisemblable. Je lui raconte que Björn est tellement fuyant que je n'arrive pas à lui parler plus de cinq minutes. Mais Martin me répète qu'il faut que je le secoue un bon coup, je n'ai pas d'autre choix, je dois monter sur le ring.
Acte 4 / Je retourne devant mon ordinateur ruminer. Un quart d'heure plus tard, Mikael rentre chez lui. Il n'y a plus que Björn, Tobias et moi à l'agence. Je prends mon courage à quatre mains, je me lève, je me plante devant Björn, et je lui dis : excuse moi mais je ne suis pas ok avec la situation et, je recommence à pleurer (oui c'est la honte). Mais ma colère et mes pleurs ça le réveille effectivement et quand je répète que me laisser qu'une semaine ça ne me semble pas très correct de leur part, que je vois bien que les autres ne se sentent pas concernés par ma situation mais qu'ils sont aussi responsables que lui, que je m'en fou de comment leur agence fonctionne, que ce n'est pas mon problème et que je n'ai pas à payer pour leurs erreurs ... Tobias aussi se réveille (mon dieu mais le suisse serait-il sur le point de choisir un camp) et il acquiesce. Il me dit qu'en effet j'ai raison (la bonne blague), qu'en plus ils ont tous très content de mon travail, qu'ils sont dans une espèce de crise silencieuse entre eux (technique suédoise de crise rien ne va mais personne ne dit rien ...) que c'est vrai qu'ils ont plusieurs projets plutôt incertains sur lesquels ils doivent travailler sans être payé (les tours vont peut-être finalement revenir à l'agence !?!) blablabla ... J'acquiesce à mon tour mais j'en remet une couche, si Björn n'avait jamais parlé de m'embaucher et que je bossais pour 400 euros par mois, j'aurais continué de chercher un vrai travail et d'ailleurs j'ai refusé une autre proposition de boulot (je le regrette beaucoup aujourd'hui). A ce moment là je ne pleure plus du tout. Tobias continue, un mois de "préavis" est peut-être plus raisonnable. Björn rappelle que les deux autres ne veulent pas payer un radis de plus pour moi et Tobias lui répond qu'ils peuvent peut-être prélever de leur propre salaire ma paye (voilà ! c'est ce que j'appelle prendre ses responsabilités, même si une nouvelle fois c'est pas mon problème). Björn est d'accord, il remercie Tobias de le soutenir mais celui-ci ajoute quand même qu'il va falloir qu'ils règlent sérieusement leurs problèmes. Tous les deux me remercient de leur avoir parlé ????!!!!! Mais les gars franchement c'est n'importe quoi ...
Épilogue / Je continue donc à travailler et à être correctement payé chez Vera jusqu'à la fin du mois d'avril, pendant ce mois j'envoie des mails, je contacte d'autres agences, je cherche un nouveau boulot. Mais la meilleure de l'histoire c'est que si ça se trouve en mai, ils auront plein de boulot et à ce moment là ils voudraient que je continue à travailler chez eux !!!!???? Mais les gars franchement c'est n'importe quoi. Leurs mots exacts sont : on renégociera quelque chose en fonction de la situation dans un mois. Pour moi c'est plutôt clair, je vais faire tout ce que je peux pour trouver un autre travail et m'en aller vite fait de ce gros bazar. Avec toutes ces aventures rocambolesques je suis (presque) contente d'avoir obtenu un mois !
Moralité / Dire ce que l'on pense est toujours payant quelque soit la situation !